Chapelle Sainte-Brigitte

La première pierre de la nouvelle chapelle est bénite le 1er avril 1920. Les plans, dessinés par Mr Georges Dugenet, architecte dinannais, sont exécutés par Joseph et Édouard Lamballais, de Saint-Cast.

La première mention de ce sanctuaire dédié à Sainte Brigide (orthographe attestée par les anciens aveux) remonte à novembre 1271. Jehan le Diable engage ses dîmes sur la chapelle et les métairies de Sainte Verguet (Sainte Brigide).

La tradition orale rapporte que Sainte Brigide est sollicitée lors des couches. Ses chapelles ne sont jamais fermées, même la nuit.

On pense que la chapelle qui lui est dédiée à Saint-Cast a été fondée par les moines de Saint-Jacut.

Sainte Brigitte est l'objet d'un culte fervent. Il n'y a rien d'étonnant à cela. La chapelle est longtemps un des seuls sanctuaires de quelque importance du pays. Elle existe peut-être avant l'église paroissiale.

Il n'est que de lire les actes célébrés en la chapelle au 17e siècle et au 18e siècle pour se rendre compte de l'activité qui y règne.
En 1661: inhumation, dans le cimetière qui jouxte la chapelle, de l'escuyer Laurent de Launay, seigneur de la Villéon
En 1662: inhumation de Jeanne de Saint-Méloir, dame du Bois ès Lucas
En 1742: inhumation de Louis Trotel, sieur du Châtelet.
En 1657 l'escuyer Jacques Gouyon y épouse Élisabeth de la Chapelle
En 1770 François Hyacinthe Trotel, sieur de la Noë convole avec Françoise Jeanne Cogresme.

Comme toute trêve Sainte-Brigitte est desservie par un prêtre (ex: Jacques Tricot en 1702) résidant dans le hameau. Celui-ci relevant de Saint-Jacut, on peut penser que la chapelle est parfois servie par un religieux détaché de l'Abbaye.

Les gens du bourg de Saint-Cast et la fabrique paroissiale délaissent la chapelle qui tombe en ruines malgré quelques messes fondées à perpétuité par des paroissiens:
- Une par noble et discret missire de Villermois, sieur de Saint Anthoine "le jeudi de chaque semaine, pour salaire de laquelle est désigné 2 cantons de terre sur lesquels sont dus 3 godets de froment à Saint-Jagu".
- Une par Noble Homme Jan José Rivalon, sieur du dit lieu "chaque samedi, pour salaire 2 pièces de terre en Saint Postan"

Le 13 mai 1714 les trésoriers en charge de la paroisse de Saint-Cast constatent que la chapelle, faute d'entretien, tombe en ruines. On la réédifie, mais en l'écourtant. La pierre de taille récupérée est vendue pour faire face aux réparations.

Bien que mutilée, la chapelle Sainte Brigitte n'en conserve pas moins la faveur des familles des alentours.
Le Haut et Puissant Seigneur Victor François de la Moussaye, chevalier seigneur de la Chênaie, de Beaulieu et autres lieux, arguant de ses droits "présente alors la chapellenie vacante à discret missire Jean Boudet, prêtre, actuellement chanoine de Matignon, étant de bonnes vie et mœurs, saine doctrine et capable de bien et dûment posséder et desservir la dite chapelle ou chapellenie, suivant et conformément à l'acte de fondation d'icelle et en jouir aux fruits revenus et émolumenis y attachés et attribués".
"Le sieur Boudet revêtu d'un surplis et étole a sonné la cloche de la chapelle et pris de l'eau bénite. Ensuite, il s'est présenté devant l'autel où il a avec nous, seigneurs et gens d'église, dit prières et oraisons, chanté l'Angélus Veni Creator et il a ouvert baisé et fermé le missel, célébré la messe et généralement fait en nos présences et celle du peuple assemblé au son de la cloche tous autres actes signés et intersignés d'une vraie démarche corporelle et cartulaire possession de la dite chapellenie dans laquelle le requérant le dit sieur Boudet l'avons mis induit et installé sans trouble ni opposition de personne quoique dans ce droit".

Au cours du siècle dernier la chapelle est dépouillée de sa parure sylvestre. Le cimetière disparaît. On dresse le chemin qui descend aux Quatre Vaux.

La chapelle est diminuée et restaurée en 1896.

Bien qu'elle ait ainsi beaucoup perdu de son aspect primitif, le culte de sa patronne ne cesse d'y être célébré.
Une procession, partie de l'église Notre-Dame s'y rend le jour des Rogations. On y chante la messe le lundi de Pentecôte, devenu fête patronale du hameau.

Le 29 juillet 1909, au cours d'une cérémonie accompagnée d'un discours flamboyant de Louis Tiercelin, on y appose une plaque commémorative à la mémoire d'Armand de Chateaubriand, courrier des princes, fusillé le jour du Vendredi Saint de 1809:

A la mémoire
d'Armand de Chateaubriand
1768-1809
Il mourut victime de sa fidélité
à une noble et grande cause

Ce sanctuaire, aujourd'hui le plus souvent fermé, possédait jadis de vieilles statues de bois polychromes frustres et grossièrement sculptées: Sainte Brigitte, Sainte Agnès, Sainte Barbe et Saint Ignace.
Les statues ont disparu. Elles ont été purement et simplement vendues à quelque brocanteur par un homme d'église en mal d'argent.
L'affaire fait, à l'époque, grand bruit. Le maire dépose une plainte prés de la gendarmerie. Une enquête est ouverte. Mais le coupable décède accidentellement peu de temps après et l´instruction est close.

Source : Pierre Amiot, "Histoire de Saint-Cast-Le-Guildo", 1990

Aujourd'hui, Monsieur Pierre de Oliveira, originaire de Nice, mais tombé amoureux depuis de nombreuses années du hameau de Sainte-Brigitte, s'occupe avec une ferveur exemplaire de la chapelle. Son plus vif désir serait d'y ramener le culte pour célébrer la Sainte Brigitte (septembre). Pour cela, les carreaux cassés par des voyoux doivent encore être réparés et la cloche montée.